Le diagnostic sociotechnique propose une analyse des réseaux d'acteurs qui sont susceptibles de renforcer ou de freiner le processus d'innovation. La clé de la démarche réside dans une compréhension des pratiques, des stratégies et des réseaux d’acteurs engagés dans des processus d’innovation. Cette démarche permet d’identifier les freins et leviers sociotechniques, qui relèvent de facteurs techniques, cognitifs, économiques, politiques et sociaux. Elle vise à accompagner spécifiquement le processus d’innovation dans les systèmes agri-alimentaires.

François Dedieu, sociologue à l’INRAE, au Laboratoire interdisciplinaire science innovation sociétés (LISIS) vient de sortir un ouvrage "Pesticides, le confort de l'ignorance" (2022) dans lequel il creuse l'idée de la construction d'une ignorance autour des pesticides. Jean-Noël Jouzel, Directeur de recherches au CNRS, au Centre de Sociologie des organisations (CSO) a aussi travaillé cette idée dans son ouvrage "Pesticides. Comment ignorer ce que l’on sait" (2019). Si Jean-Noël Jouzel se concentre sur les modèles d'évaluation du risque dans la santé au travail, François Dedieu s'intéresse à la production de cette ignorance dans le système industriels-experts-ministère-agriculteurs-associations. Un point de vue systémique, donc, dont Alexis Aulagnier avait justement montré à quel point il posait problème aux politiques publiques dans sa thèse (2020) consacrée au plan Ecophyto.